La Sira des compagnons-(leçon 01-20) : Le compagnon Saîd Ibn Amer AlJamhi
- Des Sujets Divers / Cours pour les élèves étrangers / Session de 1999
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- La Sira des compagnons
Au Nom d’Allah, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux
Saîd Ibn Amer AlJamhi était présent parmi la foule qui a assisté à l’injuste condamnation à mort du compagnon Khoubayb ibn Oday, par la tribu Qouraich.
Lorsque cette grande foule arriva avec le prisonnier, au lieu d'exécution, Saîd Ibn Amer se leva de toute sa forte corpulence, pour voir ce dernier trainé vers l’échafaud ; il l’entendit dire d’une voix sereine : « Si cela est possible, permettez-moi de faire deux prosternations, avant mon exécution ». Khobayb s’orienta vers la Qa'aba, accomplit ses deux prosternations, puis se dirigea vers les chefs de la tribu et déclara : « Par Allah, si je ne redoutais que vous puissiez attribuer ma longue prière à mon appréhension du trépas, je l'aurais allongée davantage. »
Saîd ibn Amer fut témoin comment son peuple a découpé Khoubayb morceau par morceau, mais auparavant, il l'avait entendu invoquer Allah Exalté Soit-IL contre les Qouraychites : ''Ô Allah, compte-les un par un, massacre-les tous, et n'épargne aucun d’entre eux !''
Les Qouraychites avaient totalement oublié cet incident, mais Saîd ibn Amer ne l’avait jamais oublié. Il le voyait dans ses rêves, l'imaginait tout éveillé. Il le revoyait effectuer sereinement sa prière devant l’échafaud ! Khoubayb lui avait enseigné ce qu'il ignorait jusque-là : en effet Khoubayb lui avait appris que la vie était une guerre sainte que chacun doit mener, pour défendre la religion jusqu'à la mort; il lui avait démontré qu’une foi inébranlable pouvait faire des miracles!
C’est alors qu’ALLAH déploya le cœur de Said ibn Amer à l’islam ! En pleine assemblée, il déclara son innocence des crimes accomplis par les Qouraychites, désapprouva toutes leurs idoles, et annonça sa conversion à l'islam. Il émigra à Médine, accompagna partout le Messager d'Allah (paix et bénédiction soient sur lui), et participa dans de nombreuses batailles.
Un jour, Said alla voir Omar Ibn Alkhattab, au début de son califat, et lui dit : « Ô Omar je te recommande de craindre Allah, quand tu auras affaire aux gens, mais ne crains pas les gens, pour Allah. Que tes dires correspondent à tes actes, car le meilleur discours est celui qui est scellé par l'œuvre. »
C'est alors qu'Omar Ibn Alkhattab décida de le nommer comme son collaborateur : « Ô Said nous te désignons comme gouverneur à Homs. »
Said rétorqua : « Ô, Omar je te conjure de ne point me tenter !''.
Omar, s'emporta : '' comment cela ? Vous m'avez confié cette mission, et maintenant vous me laissez tomber ?! Par Allah, jamais je ne renoncerai à toi !''
Sur ce, Saîd partit à Homs pour exécuter l'ordre d'Omar.
Quelques jours plus tard, une délégation composée de personnes respectables et digne de confiance, arriva de Homs, et s’adressa au commandeur des croyants! Ce dernier leur avait demandé de lui citer le nom des mendiants de Homs, afin qu'il subvienne à leurs besoins ; sur la liste il y avait le nom de Saîd Ibn Amer !
-Qui est Said Ibn Amer demanda Omar ?
-C’est notre Gouverneur! S’exclamèrent les gens de la délégation. Par Allah, de longs jours passent sans qu'il allume le feu dans sa maison.
Omar profondément ému, avait les yeux embués de larmes! Par compassion, il lui envoya mille dinars afin de l'aider à se tirer d'affaires. Mais quand on remit l'argent entre les mains de Saîd, il s'exclama : ' « Il n'y a de pouvoir, ni de force qu'en Allah », comme s'il avait été frappé par un malheur. Sur le champ, il prit l'argent et le distribua entre les plus pauvres des musulmans.
Quelque temps plus tard, Omar se rendit au Sham (en Syrie actuelle) pour s'enquérir de la situation des habitants. Arrivé à Homs, Omar Ibn Alkhattab questionna les gens venus pour l’accueillir.
- Que pensez-vous de votre Gouverneur ?
Tout le monde déplora quatre comportements de Said! Décidant de confronter ce dernier au peuple, Omar s’empressa d’entamer une entrevue !
- Dites moi, que lui reprochez-vous ? S’enquerra Omar
- Il ne sort de chez lui, pour venir nous voir, qu’au milieu de la journée! rétorquèrent les gens.
-Qu'en dis-tu Saîd ? reprit Omar.
- Il se trouve que ma famille n’a pas de serviteur, aussi chaque matin je pétris la pâte, pour leur préparer le pain, ensuite je fais mes ablutions et je sors pour les voir! » expliqua Said !
Omar reprit : « Que lui reprochez-vous encore ? »
- La nuit, il s'abstient de répondre à nos appels » ajouta quelqu’un !
- Qu'est-ce-que tu en dis, Saîd ?
-Je leur consacre le jour pour résoudre leurs problèmes, mais la nuit, je la consacre à Mon Seigneur !
- Avez-vous autre chose à lui reprocher ? insista Omar ibn Alkhattab
-Il reste chez lui une journée par mois! Lança quelqu’un d’autre !
-Comment cela Saîd ? S’inquiéta Omar
-Je n'ai d'autres vêtements que ceux que j'ai sur moi. Je les lave une fois par mois, et j'attends qu'ils sèchent pour sortir voir le peuple en fin de journée !
-qu'avez-vous de nouveau à lui reprocher ? ajouta Omar
-De temps à autre, il a des instants d'inconscience qui le prennent en pleine assemblée !
- comment expliques-tu cela, Saîd ?
-J'ai été témoin de l'exécution de Khoubayb Ibn Oday quand j'étais polythéiste. J'ai vu les Qouraychites découper son corps, tout en le narguant : ''Aimerais-tu que Mohammed soit à ta place ? » Et Khoubayb répondait : « Par Allah, je n'aimerai guère être en paix parmi ma famille, alors qu'une seule épine puisse faire du mal à Mohammed ! »
De plus, ajouta Said, chaque fois que je me souviens l’avoir négligé, sans que ma conscience m’est reproché ma lâcheté, je crains qu'Allah Exalté Soit-IL ne puisse me le pardonner. Voilà ce qui me fait perdre connaissance !
À ce moment Omar poussa un soupir de soulagement et s’écria : « - Louange à ALLAH qu’IL ne m’est guère déçu à propos de Said !
Sur ce, Omar lui envoya mille dinars pour l'aider à se tirer d'affaire, mais Saîd, à peine eut-il quitté son assemblée, qu’il s'empressa de les distribuer aux plus miséreux des musulmans.
Qu’Allah soit satisfait de Said ibn Amer, il était un bon élève, sortant de l'école islamique, instruit par Mohammed que paix et bénédiction soient sur lui.
